“L’empilement des tâches empêche un vrai accompagnement individualisé”

À l’Apsco, les écoliers bénéficient d’un accompagnement individuel.

Publié le vendredi 21 mai 2010 dans Nord Eclair

 

À l’Apsco, les écoliers bénéficient d’un accompagnement individuel.

 

C’est le constat que font les responsables de l’Apsco (association pour le soutien scolaire). À son poste de « vigie », l’asso tente depuis 17 ans de pallier ce manque en travaillant en lien avec les écoles des quartiers où elle est installée.

 

 

Lille-Fives, quelques minutes après la fin de la classe dans les écoles du quartier. Une dizaine d’enfants participent à la séance de soutien de l’Apsco. Éparpillés sur les tables du local, ils travaillent sous la surveillance d’un adulte, en individuel pour la plupart, parfois par groupes de trois. Concentrée, Kamilla, 6 ans et demi, « fait des paquets de dix » avec des petits crayons dessinés sur son cahier. Ilham Mattouche, bénévole à l’Apsco après avoir profité de l’accompagnement lorsqu’elle-même était lycéenne, travaille avec la fillette sur les bases du calcul. « Bon, combien ça fait un paquet de dix, plus les trois qui sont ici ? » La petite roule des yeux apeurés, en quête d’une réponse soufflée… « Tu as le droit de compter sur tes doigts… », glisse Ilham. La petite écarte les doigts, un à un.

« 1, 2, 3,… Ça fait 13 ! ».

 

Née à Lille-Sud il y a 17 ans, à l’initiative d’El-Hadj Barry, alors conseiller de quartier, l’Apsco intervient désormais également à Lille-Fives, Wattignies et Roubaix. Cette année, ce sont 300 écoliers, collégiens et lycéens qui sont accompagnés, pour la très modique somme de 15 E par an.

Les difficultés d’apprentissage des écoliers, l’Apsco s’en est fait une spécialité. Le constat dressé par Françoise Bailleux, cofondatrice de l’Apsco, est sans équivoque : « Depuis que nous avons commencé, le niveau a baissé ». Chez les écoliers, « il y a de gros problèmes de maîtrise de la langue, de vocabulaire. En mathématiques aussi, qu’il s’agisse des bases du calcul ou de notions de géométrie… », énumère Thierry Abel, coordinateur des antennes de l’Apsco. « En classe, pour certains, cela va trop vite, ils sont largués », analyse Françoise Bayeux, qui, enseignante, est loin de jeter la pierre à ses consoeurs et confrères. « L’empilement des tâches pour les professeurs des écoles empêche de mener un vrai accompagnement individualisé. Comment voulez vous faire avec 20 ou 25 élèves par classe ? », s’interroge-t-elle.

À son niveau, l’asso travaille en lien avec les enseignants. « Quand nous identifions un gros problème, nous allons voir la maîtresse » , explique Khadija Semlali, une des « adultes relais » de l’association, qui exhibe les « cahiers de liaison » mis en place entre enseignants et intervenants de l’Apsco.

Exemple de cette complémentarité, l’atelier « lecture » mis en place par Noria Viravagonvin. « Un groupe de CP avait de gros problèmes de maîtrise de la langue. L’un d’eux ne parvenait pas à décoller alors qu’il avait redoublé », rapporte-t-elle. « Nous avons rencontré l’enseignante et c’est comme ça que les ateliers ont démarré ».

« Nous apportons un appui, en respectant scrupuleusement la pédagogie mise en place », insiste El-Hadj Barry, président de l’Apsco. Prof de maths en classe prépa au lycée Van der Meersch, à Roubaix, il juge cependant que « le rythme scolaire est démentiel pour les gamins. C’est d’autant plus compliqué pour ceux qui ont un environnement social et culturel difficile… » Lui plaide pour que « l’Éducation nationale travaille plus avec les assos de proximité comme les nôtres. »w

 

MATTHIEU MILLECAMPS

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