L’ EDUCATION DES JEUNES ADOLESCENTS AYANT L’ AGE DE FREQUENTER LE COLLEGE

COMPTE-RENDU d’une  RENCONTRE DE FEMMES

 Dans le cadre des activités de l’Association Pour le Soutien Scolaire

-APSCO-LILLE

Dix femmes, dont une majorité de tradition musulmane, sont venues réfléchir à l’éducation des jeunes adolescents ayant l’âge de fréquenter le collège.

 

Plusieurs n’ont pu venir un jeudi matin, car c’est le jour du marché…

Une fillette de quatre ans invitée à rejoindre les enfants, alors que le nouveau-né qui accompagnait sa mère avait le privilège de pouvoir demeurer avec cette dernière, est revenue sous prétexte qu’ « elle voulait qu’il en soit ainsi ». Temporairement occupée avec du papier et des crayons, elle a fini par s’ennuyer….La mère a pris conscience que c’est elle qui avait du mal à voir s’éloigner sa fille, car elle n’avait cessé de dire, alors qu’on emmenait la petite : « elle ne va pas vouloir s’en aller »… De surcroît, cette maman a compris qu’elle s’était privée d’un peu de temps de tranquillité… Cet épisode a eu pour effet positif de permettre de décoder en direct des types de fonctionnements maternels qui induisent chez l’enfant des comportements régressifs, empêchant son adaptation à la réalité des faits.

 

L’importance de la relation de dialogue confiant entre parents et enfant a été rappelée.

 

Souvent, les jeunes se confient plus facilement à leur mère, y compris les garçons pour les problèmes biologiques liés à l’apparition de la puberté… La place du père a été rappelée, ainsi que la nécessité de son implication dans le domaine éducatif, notamment en ce qui concerne le dialogue père-fils.

De fait, certains pères seraient plus laxistes que les mères, qui auraient tendance à prôner plus d’interdits, notamment concernant les sorties des fils…

Toutefois, il a été utile de rappeler qu’une fille de douze ans n’a rien à faire dans le grand lit avec le père, alors que la mère va dormir dans le salon…

L’importance de la place et du rôle de chacun dans la constellation familiale a été dite et répétée. Les rôles ne sont pas interchangeables, et la mère ne peut pas les investir tous au détriment du père.

Le couple parental doit faire front aux tentatives de dissociation induites par les jeunes qui cherchent à jouir de prérogatives indues.

 

Une personne ayant subi une enfance difficile a insisté sur le fait que la violence physique n’est pas une bonne méthode d’éducation. D’où le rappel de l’importance du dialogue au sein de la famille.

 

Il a aussi été rappelé qu’il ne faut jamais dire à un jeune qui a eu un mauvais comportement : « je ne t’aime plus », mais qu’il vaut mieux émettre l’opinion suivante : « je n’aime pas ce que tu as fait … »

 

Au sujet de la confiance, il est possible de dire à un jeune que l’on a confiance en lui, mais que l’on n’a pas forcément confiance aux personnes qu’il est susceptible de fréquenter, ce qui peut aider à lui faire comprendre qu’on n’accepte pas des sorties avec n’importe qui, n’importe où, et à n’importe quelle heure.

Les parents ont le droit de ne pas avoir la même position éducative que d’autres parents, quitte à passer pour ringards ; l’opinion des jeunes à ce sujet est tout à fait secondaire.  L’important est, en tant qu’adulte, de savoir assumer le jugement négatif du jeune.  Encore une fois, il n’est pas indispensable qu’un jeune dise aimer ses parents, si toutefois il a des comportements et des paroles respectueuses à leur égard…

 

En ce qui concerne la télévision et l’ordinateur,  l’opinion majoritaire a été que les enfants devaient pouvoir regarder certaines émissions pour ne pas être totalement  en dehors de ce que savent leurs camarades de classe ; toutefois, regarder avec eux ces émissions permet d’en discuter ensemble, et d’émettre des jugements de valeur sur le fond. Quant à l’ordinateur dévoreur de temps, il ne doit pas conduire à un retrait total des relations humaines.

 

Pour ce qui concerne l’éducation sexuelle, il convient de fournir aux jeunes des réponses aux questions qu’ils posent, adaptées à leur âge.

 

Au niveau de l’art de communiquer, on a rappelé la règle de s’habituer à ne pas commencer les phrases par  « tu », ce qui mène le plus souvent à des accusations à peine déguisées : « toi, tu….. »

 

Quelqu’un ayant jugé un enfant « adorable », il a été rappelé qu’aucun jeune ne devrait être idolâtré, ce qui le conduit à se prendre pour un petit dieu tout puissant. Aimer un jeune ne signifie pas le pervertir.

Une allusion a été faite aux grands parents qui avaient tendance à « gâter » les enfants en leur donnant des cadeaux nombreux et somptueux, en opposition parfois aux décisions parentales….

 

La peur de l’autre différent a été évoquée concernant les relations des parents avec les enseignants. En particulier, l’appartenance à une culture d’origine non occidentale complique parfois les relations humaines. Il a alors été évoqué  le rôle des représentations et des fantasmes dans le parasitage des perceptions, ce processus opérant de façon tout à fait inconsciente.

 

A force de se  fréquenter et de faire connaissance, la peur se dissipera d’elle-même, la réalité finissant par l’emporter sur l’illusion… Il est important de savoir décoder l’appréhension de l’autre, en sachant que l’on n’est pas forcément personnellement en cause, même en cas de réaction négative.

 

Toutes les femmes ont pu s’exprimer. Le dialogue a été riche. Le temps a semblé passer très vite…

La satisfaction concernant cette « école des mères » a fait poser la question : « pourquoi pas aussi un groupe pour les pères ? Mais, dans le doute quant à un enthousiasme massif pour ce type d’activité, des rencontres de couples de parents confrontés aux problèmes éducatifs , pourraient être mieux acceptées, afin de faire entendre aux pères  ce qu’ils ont, semble-t-il, tant de mal à croire quand les épouses tentent de les convaincre…

L’EDUCATION DES ENFANTS EN AGE DE FREQUENTER L’ECOLE PRIMAIRE

Compte-rendu d’une  RENCONTRE de FEMMES

dans le cadre des activités de l’Association Pour le  Soutien Scolaire

-APSCO LILLE-

Douze femmes, dont la majorité de tradition musulmane, ont répondu à l’invitation qui leur a été faite de venir parler des problèmes que pose l’éducation des enfants en âge de fréquenter l’école primaire.

 

Une  maman était accompagnée d’un petit de deux ans. Des manœuvres de diversion ont permis à l’enfant de s’éloigner de sa mère pour suivre un aîné.

Cet épisode a permis de faire prendre conscience de la difficulté pour une femme de voir un enfant s’éloigner d’elle. Tout est une question d’âge… A trois ans, l’enfant peut investir l’espace culturel que fréquente son père, et aller à l’école maternelle, ce qui représente pour lui le début d’un accès à l’autonomie. Une réflexion a été entreprise sur ce thème. Pour son équilibre, l’enfant doit apprendre à s’éloigner des jupes de sa mère. C’est salutaire, et ce n’est pas un drame, même si cela serre le cœur maternel…Un travail de deuil est pour elle indispensable, afin que, de même que le cordon ombilical biologique a été coupé, le lien de proximité corporelle puisse se relâcher. C’est grâce à cet éloignement que le monde culturel pourra être investi d’intérêt, surtout s’il est valorisé par la famille, et principalement le père.

 

Cette place du père comme tiers indispensable dans l’éducation, a été rappelée. Les mères ont beaucoup parlé des sollicitations qu’elles faisaient envers les pères pour qu’ils prennent en effet une part active à l’éducation des enfants, mais ont témoigné de la difficulté de convaincre ceux qui ne souhaitaient, une fois rentrés à la maison, que d’ «avoir la paix »… Gageons que le message tintera encore longtemps aux oreilles des intéressés…

Il a été rappelé l’importance pour le couple parental d’avoir une ligne éducative commune, faute de quoi, les enfants s’ingénient à « diviser pour régner »…. Quant aux désaccords, ils doivent être réglés entre adultes, loin de la présence des enfants…

 

Les relations avec les membres du corps professoral ont été évoquées ; elles sont indispensables. Certains enfants, dont on sait qu’ils ne sont pas des anges, ont néanmoins fait les frais de paroles ou de comportements humiliants et publics de la part d’enseignants qui devaient sans doute avoir quelques problèmes personnels. Certaines mamans ont déjà fait la démarche d’entrer dans une association de parents d’élèves, et même d’y avoir un rôle actif. Cette attitude a été encouragée, afin de combler le fossé qui semble être creusé entre le monde familial et le monde de l’école.

 

C’est une manière d’exorciser la peur des maîtres, qui finit par entraîner soit une phobie avec évitement de la rencontre, soit une attitude agressive pour lutter contre ses  propres craintes. Cette peur provient souvent de la méconnaissance du milieu de l’école, de mauvais souvenirs du temps de sa propre scolarité, et dans tous les cas d’un « complexe d’infériorité », qui peut se traduire de façon agressive… Or, un enfant dont les parents ont de bonnes relations avec les maîtres, se sent reconnu et valorisé.

 

Un petit conseil de communication positive a été transmis : éviter, en famille et ailleurs, de commencer les phrases par  « tu » ou  « vous », et d’user des adverbes  « toujours » et « jamais ».  Les disputes familiales (et les autres), commencent souvent ainsi : « Toi, tu ne ranges jamais tes affaires ! », « Tu es toujours en retard ! » « Vous, vous ne comprenez jamais rien ! » Le moyen mnémotechnique « le « tu » tue ! » peut être une bonne recette pour éviter les disputes entre parents, entre parents et enfants, et lors des rencontres avec les maîtres….Notons que cette méthode devrait aussi faire partie du bagage des enseignants, qui se sentent aussi parfois sur la défensive, et ont  un a priori souvent négatif de certains types de parents…

 

Dans tous les cas, pour éviter la violence, il faut savoir avoir recours au dialogue, à la parole, mais pas à la « parole qui tue », celle que l’on vient d’évoquer. D’où l’importance du temps de l’échange verbal entre le parent qui est présent à la maison, et l’enfant qui le retrouve en revenant de l’école.  L’enfant a besoin de pouvoir exprimer ses joies et ses peines, de sentir que l’on s’intéresse à lui, à ce qu’il fait en classe, de percevoir que l’on valorise son travail.

Car, ses occupations scolaires doivent être reconnues comme ayant le sérieux d’un travail ;  elles nécessitent donc d’être respectées comme telles. Ainsi, on n’interrompt pas pour des futilités quelqu’un qui est en train d’effectuer un travail qu’il est honorable de faire bien…

 

C’est toute la notion du respect de l’autre qui est ici évoquée. Le respect de l’autre, c’est celui de sa dignité, et de sa liberté. Habituer un enfant à  dire « s’il te plaît » et « merci », mais aussi lui demander quelque chose « s’il te plaît », et lui dire « merci », est à la base de l’éducation au respect. Tant que l’on ne pratiquera pas cette éducation là, on vivra dans un environnement de viol, de viol de la personne, de violence. Quand on dit « s’il te plaît », cela suppose que « si cela ne te plaît pas, eh bien, tant pis pour moi… » On peut dire : «non, pas maintenant, mais tout à l’heure, ou demain, ou l’an prochain, ou jamais ! »… Un enfant s’affirme en s’opposant : il dit : « non !». Mais ses parents aussi ont à dire : « non ! ». Tout n’est pas possible ; on ne peut pas tout avoir tout de suite ; on ne peut pas tout faire à tout âge. Ce n’est pas facile de demeurer ferme. Mais la lâcheté en ce domaine, la démission, font les beaux jours de la violence future d’un enfant qui se serait cru « le maître », « tout-puissant », celui devant la volonté duquel ont s’est toujours incliné « parce qu’il faisait des rages »…

 

De toute façon, le comportement d’un enfant colérique s’éteint de lui-même, si une colère n’entraîne pas systématiquement une « récompense », un renforcement positif… (Si je fais une rage, on m’achètera le jouet que je veux ! etc…= la bonne méthode pour avoir un enfant tyrannique…).

 

Toutefois, l’éducation par récompenses est plus bénéfique que le dressage par punitions. Un chien dressé à coups de bâtons finit par mordre un jour ou l’autre…. Un chien bien éduqué avec des sucres finit par savoir vivre en compagnie des humains… L’adulte qui gifle un enfant se soulage de son agressivité, mais n’a pas un comportement hautement éducatif. Une enfance vécue dans un contexte où les gestes violents remplacent les mots, entraîne la répétition du même type de comportements violents à la génération d’après. Il faut expliquer les raisons des interdits, et tenir bon…Il est important de pouvoir dire à un enfant « tu n’es pas obligé de m’aimer mais tu dois me respecter ». C’est un apprentissage à faire, pour le parent, de savoir vivre en se passant de l’ « amour » de ses enfants. On n’a pas des enfants pour en être aimés. Par contre, les parents ont le devoir d’éduquer leurs enfants afin de leur permettre de devenir un jour des adultes responsables de leurs actes. Et cela passe par l’intégration d’un certain nombre d’interdits, faute de quoi, il n’y a pas de vie familiale et  sociale  possible. C’est cela « aimer un enfant en vérité »….

Quant  aux  petites récompenses que l’on donne à l’enfant pour l’encourager, elles doivent avoir une relation symbolique avec le type d’effort accompli, et  leur valeur monétaire ne doit pas être disproportionnée. Offrir un cadeau de 100 euros à un enfant, c’est ne pas lui donner le sens de la valeur des choses. Un enfant doit se rendre compte de la difficulté que son père ou sa mère a pour gagner une telle somme : x heures de travail…. Et gâter ainsi un fils qui manipulerait sa mère, ce serait faire porter le discrédit sur le père, ce qui est très grave….

 

Des difficultés particulières au monde scolaire ont été évoquées.

Tout d’abord, celles qui sont éprouvées lors de l’apprentissage de la lecture. Certaines confusions de sons ont mené à des séances d’orthophonie (remboursées par la sécurité sociale….). L’usage de la méthode systématique par lettres et syllabes, est de fait celle qui donne le plus de bons résultats  à long terme, vu que la lecture globale des mots s’effectue progressivement spontanément  par familiarisation  avec des structures fréquemment rencontrées.

 

Une question a été posée concernant les éventuelles difficultés rencontrées par des enfants devant  changer d’école suite à un déménagement. A la date normale d’une rentrée scolaire, cela ne devrait pas poser de problèmes, si l’on sait présenter la chose à l’enfant de façon positive. Une visite de la nouvelle école devrait aider à l’adaptation. Le fait de quitter des camarades, et le petit deuil qui en résulte, sera compensé par la joie de se faire de nouveaux amis. Encore faut-il que l’angoisse des parents ne se projette pas sur la supposée difficulté de l’enfant. La maman concernée a reconnu être  « très inquiète » à ce sujet…

 

Une personne qui fait du soutien scolaire, dit que beaucoup d’enfants ne veulent pas travailler. Le fait que dans certaines classes, à cause de la sectorisation, la majorité des enfants ne sache pas lire, a conduit des parents à confier leur enfant à une école privée.

Certains qui avaient eu un bon début de scolarisation, se sont parfois retrouvés « bloqués » tout d’un coup.

L’analyse du contexte permet de dégager deux pistes : soit une incompatibilité d’humeur avec un instituteur particulier, soit un événement familial (naissance d’un puîné, décès, séparation…)

Le recours au psychologue pour aider à la résolution de ces difficultés fait encore peur, mais serait plus facilement admis par les mères que par les pères…. La médiation d’un médecin pourrait être envisagée, même en vue d’un traitement orthophonique, car en général « le mari ne croit pas ce que dit sa femme »… Or, c’est elle qui, le plus souvent, est en relation avec les enseignants…

 

La possibilité qui est offerte de venir parler, dans une association ou ailleurs, avec une

psychologue de ce qui concerne les enfants, est vécu comme une expérience positive.

Car, on n’apprend généralement pas à être parent sauf à ses propres dépens et à ceux de ses enfants, et en ce domaine,  il est préférable de prévenir que d’avoir à tenter de guérir…

Chacune des femmes présentes a eu l’occasion de s’exprimer, et beaucoup se sont vue confirmées dans leur rôle d’éducatrice, en ce qu’il a de positif et d’absolument indispensable.

Compte-rendu synthétique des REUNIONS  de PARENTS

dans  le cadre des activités de l ’Association  Pour le Soutien Scolaire

        –APSCO- LILLE

Des pères et des pères ont répondu à l’invitation, mais contrairement aux rencontres de femmes précédemment réalisées au cours des vacances de printemps, il n’y avait pratiquement pas de femmes de tradition musulmane (probablement pour raison de mixité, pratique encore peu admise dans certaines cultures non occidentale).

 

Le débat a été très riche, il s’est poursuivi plus longtemps que prévu.

Certaines personnes ont pu exposer les difficultés liées à leur cas personnel.

 

La problématique de l’ « adoption » de l’enfant par le parent, s’est retrouvée :

 

–          soit dans le cas de l’adoption d’un enfant né biologiquement dans une autre famille, voire une autre culture, (ce qui pose d’emblée le problème de la différence).

–          soit dans le fait que n’importe quelle femme qui met au monde un enfant imaginé durant quelques mois, doit « adopter » l’enfant réel qu’elle découvre à côté d’elle, lequel est finalement un petit inconnu totalement différent d’elle, même si elle le portait. A ce propos, il n’est pas vrai qu’un fœtus soit « un morceau du corps de sa mère », comme l’a dit un jour une journaliste célèbre à la télévision… Il n’est pas un clône de sa mère, car il porte aussi le patrimoine génétique de son père.

–          soit dans le cas de l’adoption qu’un père est appelé à effectuer de l’enfant que la femme qu’il a aimée lui présente toujours comme étant de lui (encore qu’un

grand nombre d’enfants ne soient pas biologiquement du « père » que l’on croit…). Parfois, c’est à son insu qu’un homme est devenu père ; cela est rendu possible de nos jours, du fait des moyens de contraception féminins qui peuvent être utilisés unilatéralement, sans accord du partenaire…

–          enfin, si la mère se dérobe à un moment ou un autre, à ses devoirs de mère, le

père peut s’engager à prendre son enfant « par la main », comme le dit Yves Duteil, et tenter d’assumer seul son éducation, même si l’on sait que la démission de fait de l’un des deux parents, que ce soit le père ou la mère, met toujours le jeune en position difficile pour ce qui est de sa structuration d’être humain, sur le plan identificatoire.

 

Néanmoins, si la mère est indispensable au très jeune enfant, le père est  indispensable pour le grand enfant, surtout pour le garçon qui atteint l’âge de

la puberté ; néanmoins une autre femme, « mère » nourricière, ou un homme adulte (parrain, oncle, professeur), peuvent remplacer partiellement les parents biologiques défaillants. Il y a aussi les couples qui adoptent un enfant, et qui recourent à des institutions officielles ou non -plus ou moins sérieuses – pour « avoir un enfant »…

 

Finalement, est posé le problème de la différence entre « vouloir avoir un enfant » de quelque façon que ce soit, et « devenir père ou mère » d’une manière ou d’une autre, que cela soit ou non accepté consciemment dans un premier temps.

De fait, sont réellement « père » ou « mère », les adultes qui ont consenti à aider un enfant, quel qu’il soit, à faire ce qu’il faut pour qu’il puisse devenir un être humain épanoui. On devient père ou mère en accomplissant pour l’enfant, les gestes nécessaires à sa survie et à son développement biologique, psychologique, et moral.

 

Après avoir évoqué collectivement les diverses problématiques de différences dans les sociétés humaines, il est apparu clairement que la première différence essentielle, est liée au fait que l’humanité est mixte. La différence des sexes doit au cours du développement personnel être reconnue, et non niée ou déniée consciemment ou inconsciemment, pour que soit possible un épanouissement humain plénier. D’où l’importance des messages que la société des adultes diffuse, soit dans la famille, soit hors de la famille, pour tout ce qui concerne cette question.

Un père n’est pas une mère : leur rôle est différent sur le plan réel et symbolique, en ce qu’ils peuvent et doivent apporter à leurs enfants sur le plan éducatif.

On a tendance de nos jours à tout confondre.

Ainsi, le congé paternel lors de la naissance d’un enfant, ne devrait pas avoir pour but de faire jouer au papa le rôle de la maman, à l’âge où le nouveau-né  a besoin de vivre réellement un attachement à sa mère pour pouvoir ensuite s’en détacher progressivement. Il s’attachera ensuite à son père, à quelques mois quand il pourra les différencier réellement l’un de l’autre (à l’âge de l’ « angoisse de l’étranger ») ; et surtout ce père  l’aidera à se distancier des jupes de sa mère, lorsqu’il aura environ trois ans : il sera alors tout à fait approprié que son père lui fasse découvrir le monde extra-familial.

 

Si le père a des congés lors de la naissance de son enfant, cela doit lui permettre de prendre soin de son épouse, de l’aider, d’assumer les exigences de la vie quotidienne pour qu’elle puisse physiquement se reposer, d’intervenir pour qu’on la laisse un peu tranquille avec son enfant et lui-même, en disant gentiment à certaines personnes envahissantes que la maman est fatiguée, qu’elle doit pour le moment allaiter son enfant paisiblement, etc…

 

C’est ce rôle de protection de la mère et de l’enfant que le père est appelé dans les premiers jours. Il n’a pas à vouloir kidnapper  à son profit une supposée affection de l’enfant, pour faire comme une femme, en s’identifiant à sa propre mère (qui fut peut-être possessive)…

Certaines femmes, suivant en cela des informations douteuses glanées çà et là dans l’opinion ambiante, refusent même d’allaiter leur enfant « pour donner au papa la joie de donner des biberons » ! C’est faire peu cas de la parfaite adéquation entre les besoins du bébé et ce que lui fournit la nature, y compris sur le plan immunitaire, sans compter sur la nécessité qu’a la mère d’apprendre à s’attacher aussi à son enfant, ce qui est tout à fait essentiel pour l’un et l’autre, afin qu’une relation sécurisante de bonne qualité puisse se développer.

 

Une autre différence essentielle s’impose au regard d’un observateur objectif des êtres humains qui peuplent la terre : la différence entre les générations.

Des rôles, des missions différentes, relèvent de l’âge des individus, de leur place dans la société  familiale et civile.

Un enfant n’est pas un parent ; le fils ou la fille ne sont pas le conjoint.

Toutes les sociétés humaines ont prôné l’interdit de l’inceste ; c’est une Loi incontournable, un inter-dit qui doit être énoncé : « toi, mon fils tu ne pourras jamais être mon époux, car j’en ai un : « ton père ! » ; « toi ma fille, tu ne pourras jamais être ma femme, car c’est ta mère qui a cette place » ; et « vous nos enfants, laissez-nous, et allez réaliser ailleurs votre vie propre d’homme ou de femme, de père ou de mère… ».

Cela n’empêche pas que des incestes réels existent, mettant en cause des pères et des mères, voire des adultes ayant un rôle parental réel ou symbolique, ce qui met toujours en danger l’avenir psychologique du jeune.

Toutefois, sans qu’il y ait réels « passages à l’acte », nombreuses sont les constellations familiales proprement incestuelles, quand règne la confusion des rôles :

  • lorsque le fils ou la fille en âge de fréquenter l’école, vont dormir avec maman « quand papa n’est pas là » (pour la consoler de sa solitude affective) ;
  • quand un père n’est pas au clair avec sa virilité, et qu’il adopte un rôle de séducteur vis-à-vis de sa fille ;
  •  quand une mère fait jouer à son fils un rôle de soutien de famille en l’absence réelle d’un père, ou lorsque celui-ci a totalement « dé-missionné », (c’est-à-dire qu’il refuse de remplir sa mission…) ;

Il y a aussi, en fait de confusion des rôles, les grands-mères qui empêchent réellement leur propre fille de devenir mère à son tour. Pour de fausses bonnes ou de mauvaises raisons, elles jouent pour le nouveau-né le rôle de mère. Les grands-parents ont un rôle tout à fait important, mais en tant que grands-parents…

 

Le rôle de parent a été le leur. Ils peuvent aider les jeunes parents quand les petits enfants sont plus grands, en offrant à ceux-ci un accueil, une écoute bienveillante, une présence sereine, et peuvent participer à leur éducation grâce à la transmission de l’histoire de la famille, de la mémoire d’événements importants qu’ils ont pu vivre, de témoignages sur les modes de vie et les usages d’autrefois. Tout cela permet à l’enfant de s’enraciner dans une lignée, une culture, et l’aide à se structurer sur le plan identitaire.

 

Finalement, toutes les différences que l’on peut observer entre les personnes, dues à l’aspect physique, aux coutumes, au milieu social, sont beaucoup moins importantes que celles qui ont été évoquées précédemment, lesquelles doivent impérativement être respectées pour que des processus pathologiques ne soient pas enclenchés

-qu’ils soient de l’ordre de la psychose ou de la perversion– lesquels ne sont pas sans incidence sur l’harmonie familiale et sociale.

Si ces différences essentielles de sexe et de génération sont reconnues et respectées, les autres différences seront faciles à accepter, rendant possible un « art de vivre ensemble », malgré la multiplicité des différences inter-individuelles. C’est à des relations humaines de bonne qualité que chacun est appelé. Pour cela, il est nécessaire que soit reconnue l’altérité, faute de quoi, il n’y a pas de rencontre possible, ni d’échange. L’autre ne peut être considéré comme autre, que s’il est reconnu comme distinct de soi. Le « je » implique en face un « tu ». La parole échangée humanise ; le dialogue permet de mettre la violence à distance. Et un « nous » advient comme fruit de la relation unique qui s’est instaurée entre deux êtres humains parlants. Pour cela, il est essentiel que la confusion avec l’autre ne rende pas impossible la relation ; pour cela il est aussi nécessaire que l’autre ne soit pas plus imaginaire que réel, qu’il ne soit pas caché par ce que chacun voit lorsqu’il se regarde dans un miroir : l’image virtuelle de soi-même.

 

A ce propos, on a rappelé l’histoire grecque de Narcisse : la belle Echo appelle Narcisse, mais n’entend en retour que sa propre voix : elle en mourra de chagrin ; et Narcisse, épris de l’image de son propre visage qu’il voit se réfléchir dans l’eau, meurt noyé. Ce couple impossible illustre bien le destin affectif funeste de ceux et celles qui souffrent d’un défaut de reconnaissance des différences.

Cela relève toujours, peu ou prou, d’un défaut de reconnaissance de la réalité.

Ecouter et voir l’autre…

On peut refuser consciemment ou inconsciemment cette altérité. On peut se voiler la face volontairement ou non. On peut ne pas vouloir voir la réalité pour diverses raisons. Dans tous les cas, les conséquences seront négatives, voire désastreuses. Ainsi, dans le processus éducatif, il convient de faire respecter les différences essentielles précédemment nommées. Et, en matière d’éducation, l’exemple est la seule méthode efficace. On ne peut pas dire « fais comme je dis », si je fais autrement…

 

Distinguer ce qui relève du masculin et du féminin, c’est reconnaître la réalité biologique, c’est savoir que les cerveaux se développent dans des environnements hormonaux différents depuis la vie fœtale. La différence n’implique pas l’inégalité quant à la dignité d’être humain, mais permet d’être humain diversement, de manière complémentaire.

La masse d’un cerveau de femme est inférieure à celle d’un cerveau d’homme, de même que la taille moyenne d’une femme est inférieure à la taille moyenne d’un homme. Cela ne veut pas dire que la femme est inférieure à l’homme : elle est différente voilà tout !

Par ailleurs, les neurones des petites filles sont myélinisés plus vite que ceux des petits garçons, ce qui explique la relative précocité des filles en fait d’acquisition de la marche, et du langage ….Cela n’induit pas une supériorité féminine intrinsèque !

L’ignorance et la bêtise sont à la racine des comportements « macho » voire « myso-andres ». Pendant des siècles, on a fait croire aux gens que «l’homme est le plus fort », que « le mâle est dominant ». Alors, il y en a quelques unes qui se sont, à bon droit, insurgées contre cette injustice. Ce n’est pas une raison pour utiliser les armes de l’adversaire, et renverser les rôles en prêchant quelqu’extrémisme opposé…

Aussi, il est important de respecter la petite fille comme telle, et le petit garçon comme tel.

Pendant longtemps – et de nos jours encore- la naissance d’un garçon a souvent été plus valorisée que la naissance d’une fille. Cela montre que l’égalité de respect dû à un enfant quel qu’il soit , n’est pas encore acquise… Cela ne veut pas dire que tous les enfants soient pareils : il y a les lents et les rapides (et il existe biologiquement deux types de musculature …) ; il y a les vigoureux et les fragiles ; ceux qui sont aptes à ceci ou cela ou inaptes à ceci ou cela. Respecter un enfant, c’est le laisser devenir ce qu’il peut devenir, compte tenu de ce qu’il est. Rien ne sert de vouloir que son enfant soit champion de course à pied s’il naît boiteux… Mais il convient d’aider chaque enfant à développer ses potentialités.

Ce n’est pas à coup de « il faut que… », qu’un être humain peut se développer harmonieusement. L’important est que puisse advenir un sujet parlant, capable, une fois adulte, de dire « je », de réaliser son désir d’être.

Un sujet peut alors penser et agir de façon autonome (et non téléguidée par autrui), il peut devenir un être responsable de ses actes, et donner le meilleur de lui-même pour le plus grand bien de tous.

Encore faut-il ne pas l’avoir tué avant !

Or, on « tue » un sujet parlant quand on s’adresse à lui, dès son plus jeune âge, en lui assénant des « toi, tu.. » : tu es un imbécile, ou un paresseux, ou un incapable, ou un raté, ou « comme ton père ! » voire « comme ta mère » (si ceux-ci sont par ailleurs détestés). Il n’est pas étonnant après, de constater des conduites d’autodestruction : intoxication à des drogues, comportements destructeurs, conduites suicidaires, etc.. Oui, mal employé, le « tu » tue…

 

Les enfants appelés à la vie doivent être aidés à vivre leur vie dans une société, qui,un jour, ne sera plus celle de leurs parents. L’amour véritable est créateur de vie. La possessivité, et l’encouragement aux régressions, sont mortifères. Or, ce sont aujourd’hui des attitudes parentales fréquentes… Alors, il convient d’être vigilant, et, plutôt que d’accuser tel ou tel de tout ce qui va mal, d’apprendre « à balayer chacun devant sa porte » : celle de sa propre famille, dans laquelle la société de demain est en gestation.

Chacun faisant de son mieux, on peut espérer faire changer beaucoup de choses, conformément à ce qu’en mathématiques on appelle la théorie du chaos, où l’on apprend qu’en certains cas le battement de l’aile d’un papillon, comme le nez de Cléopâtre peut changer le cours des événements du monde.

N’oublions pas que Hitler, Staline, et Sadam Hussein furent des enfants maltraités. S’ils eussent été heureux dans leur enfant, tout n’aurait-il pas été très différent ?

Freud disait qu’il n’y a pas de mère parfaite. Winnicot disait qu’il faut qu’une mère soit « suffisamment bonne ». Alors  puissent les pères et les mères être suffisamment bons et respectueux des différences pour que leur enfant devienne des sujets parlants heureux de vivre, et capable de relations harmonieuses avec autrui. Nonobstant chacun a ses goûts, et l’on peut préférer les oranges aux kiwis, sans que cela n’entraîne, en famille, un conflit de principes… Car « je » aime ceci, alors que « tu » aimes cela …

A la question fondamentale : « qui suis-je ? », il n’est qu’une réponse : « je suis qui je suis en devenir d’être ». Avant tout, pouvoir dire « je » est nécessaire, et ce n’est possible que si l’on a été rendu libre de ressentir son propre désir essentiel. Cette liberté intérieure est la condition de l’exercice d’une responsabilité pleine et entière. Sinon, il y a aliénation de soi-même à un autre, à une idéologie, à n’importe quoi…

Souvent, ce que l’on peut observer, c’est, qu’ « au-delà du principe de plaisir », comme dit Freud, il y a répétition de conduites apparemment négatives, entraînant la personne dans un cercle vicieux. C’est ainsi qu’a été évoqué le cas d’enfants différents des autres, des enfants maltraités par les autres enfants, ceux qui font toujours office de « bouc émissaire », ceux qui focalisent sur eux les projections négatives de tous. Ces enfants sont entrés dans un processus masochiste, dans  lequel la souffrance est érotisée. Comment cela peut-il s’expliquer ?

Dans le cerveau, les zones de récompense, celles qui, une fois activées entraînent une sensation agréable, sont proches des zones de perception de la douleur. Le système de récompense par ailleurs, met en jeu des neuromédiateurs (endorphines, morphinomimétiques) dont le métabolisme explique les phénomènes d’accoutumance et de dépendance. C’est cela qui est mis en jeu en cas de dépendance à une substance psychoactive, aux jeux de hasard, ou à une personne. Dans ces cas, il y a aliénation de la liberté de choix. C’est pourquoi, la désintoxication est difficile… Malgré les effets secondaires négatifs, non niés consciemment, la répétition des conduites mortifères perdure, car,  dans l’immédiat, elle permet de jouir d’un certain agrément. Ce n’est qu’ultérieurement que l’éprouvé de manque se fait ressentir,  poussant à recommencer malgré tout. Et l’on parle de « fatalité » !

 

Sans s’en rendre compte, on peut parfois conditionner chez l’enfant certaines situations négatives. Si une femme ne s’occupe de son enfant que comme infirmière, c’est-à-dire seulement quand il est malade, la recherche du bénéfice secondaire « être soigné » induira une plus grande fréquence de situation de maladie chez  cet enfant… On dira de lui avec étonnement : il est toujours malade ! Et pour cause…

Si un enfant a associé à la personne qui s’est occupée précocement de lui – et qui donc lui a permis de survivre et de recevoir le minimum vital indispensable – un éprouvé réel ou subjectif de ce rejet, il aura tendance ultérieurement à se retrouver dans des situations similaires. On dirait même qu’il provoque inconsciemment cette attitude de rejet chez autrui. C’est comme si le message envoyé était : « au moins, on s’occupe de moi, même si c’est pour me taper dessus… »C’est ainsi que des enfants maltraités dans leur famille d’origine, une fois placés dans une famille d’accueil, se  trouvent de fait les seuls enfants maltraités de ladite famille.

Parfois, de surcroît, ils focalisent l’agressivité des maîtres.

Ce n’est pas en disant à un enfant souffre-douleur  « il faut te battre, et être fort, répondre ceci ou cela » qu’on l’aidera à surmonter son triste statut. Souvent, un tel enfant s’auto-accuse de tout, s’inflige des sortes d’auto-punitions, ou dit : «  c’est de ma faute » à tout propos. Souvent, il est de fait déprimé. C’est aussi le cas de certains adultes. Notons en passant, que  le neuromédiateur qu’on appelle sérotonine, a des effets antidépresseurs naturels ; et ce n’est pas par hasard que les gens déprimés s’orientent spontanément vers le chocolat, dont la consommation augmente, dans le cerveau, la fabrication de sérotonine…

Le plus souvent, il est nécessaire de permettre à l’enfant en souffrance d’exprimer celle-ci à une personne convenablement préparée à cela. Les psychologues ayant eu une formation clinique et en psychopathologie, et qui ont par ailleurs fait l’expérience d’une psychanalyse (permettant de régler leurs propres problèmes de transfert et de contre-transfert des sentiments positifs et négatifs qui sont induits par l’expérience familiale initiale), sont les interlocuteurs privilégiés de ce type de soin.
A ce propos, il a été expliqué la différence entre un psychiatre, qui est un médecin soignant avec des médicaments, et un psychologue-psychothérapeute, qui soigne par la parole, ou qui, pour un enfant jeune, aide à la mentalisation des affects par le dessin ou des situations ludiques. Toutefois, il est des psychologues qui ont d’autres compétences, mais pas celle-la : par exemple, les psychologues du travail. Pour ce qui est des psychothérapeutes, dont les noms sont alignés dans la rubrique correspondante des pages jaunes de l’annuaire téléphonique, vu qu’il existe environ 250 types possibles de « psychothérapies » -des plus sérieuses aux plus folkloriques- et que le titre n’est pas homologué, la prudence s’impose… En ce sens, certaines « voyantes » extra ou infra lucides, seraient à mettre dans le même panier. Pour ce qui est des « psychanalystes », il existe des écoles de formation sérieuses dont les membres subissent une initiation prolongée, et dont les titulaires sont cooptés par leurs pairs au vu de leur compétence réelle. Mais le titre peut s’être arrogé par n’importe qui, ou n’importe quel docteur en médecine, générale ou autre.

 

Aussi, ce ne sont pas les pages jaunes de l’annuaire qui peuvent suffire à trouver une personne digne de confiance : mieux vaut demander une adresse d’école à quelqu’un du milieu psychologique ; la liste des membres sera fournie. Sinon, comme partout ,les escrocs abondent, faisant choux gras de la crédibilité de ceux qui sont en souffrance.

Lorsqu’un psychiatre est en même temps psychanalyste, jamais la même personne ne donne des médicaments, et n’offre une écoute réellement psychanalytique, tout au plus, il s’agit d’une écoute de soutien, ou au mieux, de type psychanalytique, s’il a réellement reçu une formation de ce type. Notons qu’un véritable psychanalyste ne donne jamais de « conseils »…

 

Tout devenir réellement humain, s’inscrit dans la prise en compte de la réalité, par-delà le principe de plaisir qui exige « tout tout de suite ». C’est l’enfant qui se croit tout puissant qui exige cela… Et c’est malheureusement devenu le type d’exigence de beaucoup de nos contemporains, particulièrement les jeunes. Or, il n’est pas d’éducation réussie qui n’impose : privation, frustration, et castration symbolique. Tout jeune, un enfant apprend à attendre un peu l’heure de la tétée, ou du biberon, ce qui lui permet de développer ses capacités mnésiques  de mentalisation, pour se représenter le plaisir futur et la personne qui le lui procure. A l’époque du « fast food », du tout-préparé, des kits préassemblés, la capacité de différer l’accomplissement d’un désir diminue. Si l’on ajoute à cela le manque de parole et de communication réelle entre les personnes d’une même famille, les conditions sont réalisées pour que la violence s’installe, pour que les passages à l’acte se multiplient , en vue de traduire immédiatement par gestes ce qui fantasmé. C’est pourquoi, un parent, un éducateur digne de ce nom , doit savoir dire non sans état d’âme lorsque les grands principes sont en jeu : non à la violence, à l’agressivité gratuite, à l’exigence injustifiée à l’égard d’autrui. La maîtrise de soi n’est possible que si l’on permet au cortex frontal de fonctionner. C’est cette partie-là du cerveau qui est beaucoup plus développée chez l’homme que chez les animaux. Informé par le système neuronal cérébral, de tout ce qui est ressenti dans le corps sur le plan des sensations, des éprouvés émotionnels (au niveau du cerveau intermédiaire), le cortex frontal permet l’envoi d’ordres d’inhibition de réactions plus ou moins automatiques. C’est le cerveau de la volonté de dire oui ou non devant telle ou telle situation :

« je fais ceci, je ne fais pas cela ». Encore faut-il s’habituer à utiliser ces services… On dit souvent que gouverner c’est prévoir. Adapter son comportement à la réalité, prévoir les conséquences de ses paroles ou de ses actes nécessite un certain laps de temps de prise de conscience et de réflexion, voire de délibération, avant d’opter pour telle ou telle attitude. Toute éducation doit mener à cela chez l’être humain adulte. La vraie force, ce n’est pas la brutalité, c’est la maîtrise de soi. Aussi, la véritable autorité des parents et des maîtres, n’est pas autoritarisme, lequel est toujours un aveu de faiblesse réelle, le signe d’un défaut de formation du moi. La véritable autorité n’est pas non plus manipulation de l’autre, ce qui est aussi une arme de faible…

 

Un enfant, dressé et non éduqué humainement, devient un adulte conformiste et dépendant, sans véritable sens moral (pas vu, pas pris !). S’il a un comportement de façade correct, il est néanmoins intérieurement en ébullition, qu’il le sache ou non :

« il faut se méfier de l’eau qui dort »… On parle alors de « faux self », ou de personnalité « as if ». Inutile de dire que ce n’est pas un éducateur idéal ! Mais rien n’est totalement noir ou blanc et nul n’est parfait…

L’identité de la personne humaine se base sur une identité collectivement partagée et sur une réelle identité individuelle : tous semblables et tous différents…

Il n’existe pas deux êtres humains identiques, même pour ce qui concerne les vrais jumeaux qui ont à l’origine un seul et même patrimoine génétique commun. Car les différences commencent à la naissance par le seul fait que l’un est mis au monde avant l’autre…

Et si la virilité s’exprime plutôt de façon expansive (les petits garçons sont plus remuants), alors que la féminité s’exerce davantage en développant une réceptivité, une intériorité qui s’exprime plus aisément en mots, ces facultés complémentaires sont néanmoins partagées par tous et toutes en diverses proportions. Si un homme n’accepte pas en lui ce qu’il y a de féminin, il devient une brute,et un « macho » ; si une femme n’accepte pas en elle ce qu’elle a de masculin, elle devient au mieux une ravissante idiote bavarde…

 

Pour conclure : savoir respecter en l’autre ce qu’il y a de particulier, d’unique, est corrélatif de l’accès à une tolérance universelle envers l’expression des différences, et à la capacité de dialoguer. Ceci est à la base de l’harmonie dans les familles, de la cohésion sociale, et de la paix entre les peuples….

 

A l’issue des deux réunions, le désir de voir se poursuivre des rencontres de parents a été exprimé.