24/01/2014 – 20 minutes
Aujourd’hui, le cours porte sur les économies d’énergie. Mohamed Cheick ne comprend pas le mot « mercure ». Il consulte le dictionnaire. Lui est guinéen, comme deux de ses camarades de classe. Patrick est congolais, Ikram, algérienne. Tous les cinq ont trouvé refuge à Lille, dans un foyer, après avoir fui leur pays. Ils font partie de ces adolescents étrangers isolés dont l’association APSCO s’occupe. Deux fois par semaine, ils apprennent le français dans un local à Fives.
A la rue à 18 ans
Voilà vingt ans que cette association lilloise assure cet enseignement. Mais son président-fondateur, El-Hadj Barry, tire la sonnette d’alarme. « Ces derniers mois, le nombre d’arrivées a explosé. En 2012-2013, nous avons accueilli 119 jeunes. Depuis la rentrée, on atteint presque la centaine, et on va parvenir à 150 en juin », s’inquiète-t-il. Selon lui, son association ne peut plus suivre financièrement. « Nous bénéficions d’une aide de la ville de Lille, mais c’est à l’Etat de s’occuper de l’enseignement de ces jeunes. Et il ne fait rien ! », dénonce-t-il. L’association a donc demandé une aide supplémentaire au conseil général. Contacté, le département assure instruire ce dossier épineux. « Notre compétence s’arrête à l’accueil de ces jeunes, mais nous reconnaissons l’utilité de cette association », souligne la responsable de l’action sociale. «Nous aimerions aussi développer des cours d’insertion professionnelle pour ces jeunes », précise Sadia Saidana, enseignante depuis quatre ans au sein de la structure. Car après 18 ans, ils se retrouvent à la rue. «S’ils ne parlent pas la langue, ajoute El-Hadj Barry, ils vont rester au crochet de la société et coûter encore plus cher. »